
Programme d’avril à juin 2025 (post-festival)
Jeudi 22/05, aux Ambiances à 20h : « La Passion de Jeanne d’Arc» -1928- de Carl Theodor Dreyer. Avec Renée Falconetti, Eugène Sylvain… Durée : 1h54. Nous sommes en 1431, dans la ville de Rouen. Jeanne d’Arc, dite « la Pucelle », se voit traînée devant un tribunal ecclésiastique entièrement soumis à l’occupant anglais. Durant des semaines entières, celle qui a été considérée comme une sainte et qui combattit pour repousser l’envahisseur n’a alors
de cesse de clamer son innocence, face à des juges et une foule qui l’ont déjà jugée et qui n’ont qu’une envie : la voir périr. Face à l’incompréhension et à la haine qui l’accablent, elle va cependant demeurer inébranlable et s’obstiner dans sa foi.
Depuis son arrestation jusqu’à sa mort sur le bûcher, Dreyer nous donne à voir le procès de cette figure légendaire entre toutes. Il en résulte une oeuvre capitale de l’histoire du cinéma, qui au terme des années du muet commence déjà à adopter les codes du parlant : jamais peut-être les visages n’ont été aussi expressifs ni chargé de mots que dans ce film. Aux figures grimaçantes et contorsionnées des accusateurs répond celle, bouleversante de douleur et d’obstination, de Renée Falconetti – qui trouve ici son seul rôle sur grand écran. Le réalisme de la mise en scène n’exclut en rien la présence de la grâce dans cet opus unique, qui près d’un siècle après sa sortie n’a rien perdu de sa force. Chris Marker, réalisateur de La Jetée, écrira du reste sans hésiter : « La Passion de Jeanne d’Arc est le plus beau film du monde . » Une séance
exceptionnelle, à ne pas manquer !

Jeudi 05/06, au Capitole à 20h : « Brazil » -1985- de Terry Gilliam. Avec Jonathan Pryce, Robert De Niro, Kim Greist, Bob Hoskins. Durée : 2h23.
Un monde futuriste soumis à un état tout-puissant. Une mégapole tentaculaire, industrielle et polluée. Des tuyaux, des pompes, des parcours labyrinthiques. Dans cet univers écrasant, Sam Lowry est un bureaucrate on ne peut plus ordinaire : il vit dans un appartement minuscule, exerce un travail assommant et, la nuit, se réfugie dans des rêves où, devenu guerrier, il vole au secours d’une fée en détresse. Un incident des plus banals va faire basculer ce quotidien réglé au millimètre… La chute d’un cadavre de mouche dans un téléscripteur entraîne une grave erreur de l’Ordinateur suprême : le sage et docile Sam Lowry se voit subitement désigné comme un terroriste activement recherché, en lieu et place d’un certain Archibald Tuttle.
C’est à plusieurs titres que Brazil a acquis le statut envié de « film culte ». L’imagination de Terry Gilliam n’a sans doute jamais trouvé un aussi parfait accomplissement que dans cet univers futuriste, tenant à la fois du 1984 de George Orwell et du Metropolis de Fritz Lang, de la peinture de Dalí comme de celle de Jérôme Bosch. D’autre part, cette vision kafkaïenne d’un univers bureaucratique et déshumanisé trouve un écho encore amplifié aujourd’hui, avec les progrès de la technologie et de l’intelligence artificielle, et les craintes qu’ils entraînent. Une superbe distribution parachève la réussite de ce chef-d’œuvre de la science-fiction, qui fête cette année ses quarante ans et qui n’a jamais été autant d’actualité.

Jeudi 12/06, aux Ambiances à 20h : « Les Trente-Neuf Marches » -1935- d’Alfred Hitchcock. Avec Robert Donat, Madeleine Carroll, Lucie Mannheim, Godfrey Tearle. Durée : 1h21.
Canadien vivant à Londres, Richard Hannay est loin de se douter de ce qu’il attend, lorsqu’il va assister à un spectacle de music-hall : au beau milieu du spectacle éclate un coup de feu, et la jeune femme qui l’a déclenché le supplie de la cacher chez lui. Le pauvre Richard se retrouve embarqué bien malgré lui dans une affaire d’espionnage où ses seuls indices sont le nom d’une organisation secrète (« les 39 marches »), un homme à la phalange coupée, et une vague indication concernant l’Ecosse, que lui livre sa protégée avant d’être finalement tuée…
Dans ce qui reste l’un des sommets de sa « période anglaise », le maître Alfred Hitchcock adopte un style d’écriture d’une efficacité saisissante : le scénario, resserré et réduit à l’essentiel, ne laisse aucun répit au spectateur, transporté d’une situation déroutante à l’autre. A l’image du héros de La Mort aux trousses vingt-quatre ans plus tard, celui des Trente-Neuf Marches se voit impliqué dans une machinerie diabolique à laquelle il ne comprend d’abord absolument rien. Le suspense distillé tout au long de l’intrigue n’en a que plus de saveur. Humour et sens de l’implicite sont également de mise, comme toujours chez le grand « Hitch » : un véritable régal que ce film, à déguster sans modération.

Vendredi 13/06, à 18h30 : Pique-Nique de fin de saison. Bois de la Châtaigneraie à Beaumont (cf. carte). Inscription obligatoire par mail avant le 07/06: j.reignat@free.fr ou francoisbanvillet@yahoo.fr


Jeudi 19/06, aux Ambiances à 20h : « Night on earth » -1991- de Jim Jarmusch. Avec : Winona Ryder, Gena Rowlands, Rosie Perez, Béatrice Dalle, Roberto Benigni. Durée : 2h08.
A Los Angeles, à New York, à Paris, à Rome, à Helsinki, la nuit est-elle toujours la même sur terre ? C’est la question que se pose – et nous invite à nous poser – Jim Jarmusch à travers cinq histoires censées se dérouler simultanément, en différents points de la planète, et mettant toutes en scène des chauffeurs de taxis : une jeune femme accueillant une directrice de casting, un berlinois de l’Est cédant le volant à l’un de ses clients et découvrant les secrets de la ville où il vient de s’installer, un ivoirien sidéré par la beauté de la femme aveugle qu’il conduit, un individu excentrique et salace obligeant un prêtre à écouter ses confessions sordides, un être désespéré amené à réconforter trois travailleurs ivres morts.
Comme à son habitude, Jarmusch réunit autour de lui toute une bande de « fidèles » – Roberto Benigni, Isaac de Bankolé – auxquels il adjoint cependant quelques hôtes exceptionnels – Gena Rowlands, Bétarice Dalle. Les cinq épisodes narrés dans ce film ont le mérite de séduire par la diversité de leurs tons, en même temps que par leur profonde humanité : tantôt désopilants, tantôt déchirants, ils ont tous pour point commun de donner à voir l’humanité dans son plus humble dépouillement – le temps d’une balade en taxi, au cœur de la nuit. Un film splendide, en version restaurée, à ne surtout pas manquer !
